J'ai, pendant quelques mois, rêvé sur les figures peintes d'un vase grec du British Museum représentant le sacrifice de Polyxène sur la tombe d'Achille, à la fin de la guerre de Troie.
Qu'est-ce que l'amour d'une enfant ? Quelque chose comme imaginer la douleur sans cri de poissons prisonniers d'un aquarium. Et que vient faire le désir mêlé à la pitié dans les larmes d'amour du profanateur ? Images de dévotion ici enchaînées : le corps de Polyxène poussée à l'abattoir par sa mère, jeune vierge à la robe sanglante méditant la naissance de son enfant tragique, jeune geisha déflorée par ses sœurs. Voilà sans apprêt de religion l'effroi répété qui bat comme un cœur dans le désir. Polyxène est devenue, à tel moment, le nom des femmes aimées. Je lui demandais son innocence et son âme cependant s'est exhalée. Le premier sang jeté comme une goutte dans l'océan n'est rien d'autre en sa couleur qu'une larme d'impuissance. Je voulais, comme me baignant à une fontaine, non ce corps ni cette âme fraîche mais l'innocence dont en elle j'imaginais la source.
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