«Liberté, égalité, surveillance»: cette devise des documents officiels sous le Premier Empire illustre les paradoxes de notre temps. Car nul ne peut douter que l’État se renseigne et nous surveille encore. La création de nouveaux fichiers de police, les projets de loi sur la vidéosurveillance et le discours sur la «sécurité globale» dans les récents Livres blancs démontrent l’implication des pouvoirs publics.
Derrière ces mots se profile ce qui est nommé dans cet ouvrage l’«État secret», une réalité incarnée par les bureaucraties du renseignement et de la surveillance. Depuis le xixe siècle, le renseignement est devenu une fonction de l’État, acceptée – discrètement – par tous les régimes successifs. Pourtant, le libéralisme et la démocratie, en offrant à tous le spectacle de la politique, ont fait surgir des tensions jamais surmontées depuis lors autour des pratiques liées à l’espionnage.
Au-delà des légendes et des procès faits à l’État, Politiques de l’ombre livre une réflexion inédite et essentielle sur la naissance de nos agences contemporaines de renseignement. Il éclaire autrement la politique en invitant à réfléchir sur la compatibilité du secret et de la démocratie.
Sébastien Laurent est maître de conférences habilité à l’université de Bordeaux. Il enseigne également à Sciences-Po Paris. Spécialiste du politique, il dirige un programme de recherche de l’Agence nationale de la recherche (ANR) sur le renseignement.
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