En quoi les zoonoses, ces maladie infectieuses animales transmissibles à l'être humain, comme la rage, la tuberculose, la grippe aviaire ou la Covid-19, modifient-elles nos conceptions de la politique, du pouvoir, de l'émancipation ? Sans la récente pandémie de Sars-Cov-2, cette question n'aurait peut-être pas acquis l'acuité et l'urgence qui la caractérisent aujourd'hui. D'après de nombreux rapports scientifiques, le nombre et l'ampleur de ces zoonoses sont appelés à augmenter, leur place étant directement liée aux dérèglements climatiques et à la baisse rapide de la biodiversité.
Il est fréquent, dans la mouvance écologiste, d'interpréter la prolifération des virus comme la revanche de la nature contre le mauvais traitement que les humains lui feraient subir. Une veine complotiste croit y voir une lutte entre puissances autour des armes biologiques. En s'intéressant aux pratiques contemporaines de préparation aux pandémies, ce livre emprunte une tout autre voie. Car, depuis vingt ans, la « chasse aux virus », inventée il y a un siècle, a cédé la place à une autre approche, où l'animal occupe un rôle éminent d'émetteur potentiel de signaux d'alerte, dont les traces sont conservées dans des congélateurs et des bases de données.
À travers la figure de la sentinelle animale, une autre relation entre humains et non-humains se dessine où la solidarité existe déjà tout en restant un idéal à réaliser. Un nouveau solidarisme, voire un nouveau socialisme, pourrait en découler.
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