Le présent ouvrage repose sur un terrain de quinze mois, effectué entre 2008 et 2010, parmi une petite population de pêcheurs de la côte saharienne mauritanienne, les Imrag?n. Incluses depuis 1976 dans les limites du Parc National du Banc d'Arguin (PNBA), ces communautés ont depuis connu, en matière d'écologie, une paradoxale exemplarité. Alors que le PNBA les a érigées en modèle d'un rapport « symbiotique » avec l'environnement maritime, la littérature a très largement diffusé, quant à elle, l'idée de sociétés détournées de la mer. Leur inscription au sein d'un monde à large assise pastorale, autant que l'indigence extrême de dispositifs matériels spécifiques incitaient, semble-t-il, à le penser. Plutôt que de démentir ces caractéristiques, l'auteure en dégage les principes d'une domestication complexe de l'espace maritime : plurielle et dynamique, fondée sur le partage, la poésie et le corps. L'analyse de ces mers domestiques, dont le texte décline la teneur sensorielle ou affective, permet de préciser les difficultés méthodologiques imparties à l'étude de la sensibilité en même temps qu'elle propose les moyens de les surmonter. Au-delà donc des données ethnographiques qu'il délivre sur un pan encore inexploré, et en constante révision de la vie de ces communautés, c'est un renouvellement profond de la perspective anthropologique jusqu'alors adoptée pour penser la relation des sociétés humaines à la mer, que cet ouvrage entend opérer.
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