Pour beaucoup, la Louisiane apparaît comme un continent perdu des Francophonies. La question est plus complexe. Elle mérite l'attention.
Pourquoi Jean Arceneaux, Deborah Clifton et David Cheramie - trois poètes francophones louisianais - font-ils le choix de se représenter sous les traits du monstre ? L'étude comparée des recueils Cris sur le bayou, Suite du loup, À cette heure la louve et Lait à mère met en évidence l'existence d'un espace intertextuel, métaphorisé par les poètes eux-mêmes sous les traits du « pays des loups ».
Les errances de leurs doubles poétiques dessinent de la sorte les fondations d'un nouveau mythe américain. L'esthétique du louvoiement et la prolifération d'une monstruosité formelle, tels sont les artéfacts poétiques mis en place par ces auteurs.
Fidèles à une forme de pensée clandestine, leurs recueils donnent libre cours à une inversion des valeurs sociales, esthétiques et linguistiques, laissant le vide et le silence d'une condition d'aliéné devenir matériau d'une entreprise d'exploration mnésique à des fins de réhabilitation du soi.
Une expérience rare, peut-être ultime, en tous les cas unique. Façon de reconquérir une langue française au potentiel performatif décuplé, faisant de l'Autre anglophone redouté le complice médusé d'un rituel poétique de déconstruction et d'auto-gestation.
En quoi les Amériques n'ont pas fini de nous interpeller.
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