Des Premiers poèmes (1910-1920) aux quatre chants
admirables des Quatre quatuors (1936-1942), l'oeuvre
d'Eliot domine la première moitié du siècle : «poésie
- comme l'a précisé Pierre Leyris - strictement nécessaire,
parcimonieusement sécrétée (à raison d'un poème
ou deux par an, certaines années restant muettes)
par un destin jalousement économe d'expression lyrique.»
Un peu plus d'une centaine de pages. Oui : ce
monument qu'est La terre vaine, méditation extrême
qui berce, encensant et tranchant en même temps
à coups d'oscillations brutales de langue et de pensée ;
Mercredi des Cendres, appel en musique du tourment ;
et les Poèmes d'Ariel :
«L'éveil, les lèvres ouvertes, l'espoir, les nouveaux
navires.»
Oui, à peine une centaine de pages. Et tout sera dit :
un rare ajustement, à l'entreprise humaine, du chant
de l'homme et de sa perception du réel - «concert
innombrable» et «grande rumeur universelle».
«Brûlant brûlant brûlant brûlant
O Seigneur Tu m'arraches
O Seigneur Tu arraches
Brûlant».
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