La vie de Hölderlin (1770-1843) nous apparaît comme coupée en deux. Ses trente-six premières années lui firent don des grandes œuvres, roman et poèmes, qui attestent son génie et ont fait sa gloire : il y invente en effet un singulier lyrisme dont l'écho n'a cessé, jusqu'à nous, de se faire entendre comme un son absolument neuf. Mais s'ensuivirent encore trente-six autres années, que le poète passa dans une tour, chez un menuisier qui le recueillit lorsque le monde se fut accordé à dire qu'il avait perdu la raison.
De cette seconde moitié de sa vie, nous restent une cinquantaine de poèmes, dont on trouvera ici un essai de traduction. Ces poèmes dits «de la folie», que Hölderlin confia à ceux qui vinrent le voir comme une attraction ou un modèle, témoignent d'un non moins singulier tournant dans son existence et son œuvre : pendant trente-six ans, il n'aura plus fait que regarder autour de lui, bornant son travail à rendre, poétiquement, le passage du temps sur ce paysage. De cette simplicité ressassée, où il s'applique à effectuer en lui la réconciliation de la Nature et de l'Esprit, s'élève pour nous, très étrange, une autre beauté.
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