Plein été
« J'ai un secret. Je sais qu'il est resté caché dans l'été, mais où, quand, pourquoi, lequel ? Je bute sur lui trop souvent, je voudrais comprendre, retrouver, revenir, tout est passé trop vite. Le ciel est absolument blanc dans ma tête et je crois que je dois repeindre ma vie à la chaux, comme après l'hiver, pour mieux voir les couleurs. Battre les cartes, couper, distribuer et commencer à jouer. Regarder dans les coins, derrière les choses, entre les feuilles, avec cette unique règle que je voudrais maintenant me donner : courir dans tous les étés de ma vie, jusqu'à retrouver ce que j'ai caché. »
C'est sous le signe des Joueurs de cartes de Cézanne et d'une danse entre la mémoire et l'oubli que Colette Fellous invente à la fois une forme romanesque et son propre jeu, qu'elle appelle « la mémoire aimantée ». Une mémoire qui ne cherche pas à réveiller le passé mais à magnétiser le présent. Des gens, des lieux, des images, des odeurs surgissent, comme des indices, elle fait le voyage, elle marche sur le petit territoire de sa mémoire, mais la scène reste inatteignable. Apparaissent alors des paysages de tous les points du monde, mais surtout de la Tunisie natale. Une foule de personnages s'invite dans le roman, amis, amants, stars de cinéma, enfants, bêtes, carreaux de mosaïques, fenêtres, labyrinthes de buis. Avec, au centre, la figure du père et celle de la mère qui, à la fin du roman, meurt en disant son amour à sa fille.
Mais de Carthage à la Villa Busini en Toscane, ce qui revient avant tout, c'est une célébration de l'été et une gourmandise de vivre, comme cette scène où des petites filles tunisiennes, à l'heure de la sieste, dans une villa de La Marsa, se mettent toutes nues pour jouer à l'amour.
Par la grâce de cette « mémoire aimantée », Colette Fellous rassemble ici avec bonheur tous les thèmes qui lui sont chers.
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