« Écoutez-moi ! Je me nomme Pierre Victurnien Vergniaud. Je vous parle d'outre-tombe. Je fus traduit le 24 octobre 1793 devant le Tribunal révolutionnaire avec vingt autres députés de la Convention sous l'accusation d'une conspiration imaginaire contre l'unité et l'indivisibilité de la République, la liberté et la sûreté du peuple français. »
On les appelait les Girondins et l'avocat Vergniaud était l'un des plus charismatiques. Ils ne purent plaider leur propre cause. Au bout de huit jours d'audiences houleuses qui tournaient à leur avantage, un décret de la Convention nationale dicté par Robespierre autorisa le tribunal à mettre fin à leur procès et à les envoyer directement à l'échafaud sans même qu'ils puissent se défendre. Ainsi périrent vingt et un représentants du peuple qui avaient été parmi les premiers artisans de la Révolution et les fondateurs de la République, mais avaient eu le tort de s'opposer à la dérive criminelle de la Terreur.
Michel Laval a retrouvé les notes manuscrites que Vergniaud avait préparées en prison pour sa défense. Il lui rend la parole dans une plaidoirie méthodique et déchirante. Eclairée par d'autres tragédies de l'histoire survenues depuis, la prosopopée s'achève sur cette question essentielle : toutes les révolutions sont-elles condamnées à trahir leur idéal et à transfigurer leurs rêves en cauchemars ?
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