L'Église sous Pie XII s'est trouvée confrontée à un double et redoutable défi: celui de la guerre et des totalitarismes. La question des «silences» du pape face à la mise en oeuvre de la Solution finale du peuple juif [Shoah] de la part des nazis à partir de 1942 ne peut être isolée de ce double contexte. L'une des erreurs de l'historiographie récente, pléthorique mais de qualité très inégale, est précisément d'avoir séparé l'examen de la question juive de l'ensemble des autres problèmes de la politique vaticane de cette période. La réponse que le Saint-Siège choisit d'y apporter ne trouve sens, selon l'auteur, qu'à partir du moment où l'on se refuse à la traiter comme un problème à part, indépendant de tous les autres. Le but de cette enquête biographique, la première conduite de manière rigoureusement scientifique sur la base des archives du Vatican récemment ouvertes aux chercheurs, est de replacer l'attitude de Pie XII face à la Shoah dans la plus longue durée de la politique vaticane du premier XXe siècle. Philippe Chenaux suit, en amont, les étapes de la carrière de celui qu'on avait coutume de considérer dans les chancelleries occidentales, jusqu'à son élection au souverain pontificat en mars 1939, comme le «meilleur diplomate» du Saint-Siège, et retrace, en aval, les grandes lignes de son action comme pasteur de l'Église universelle, après 1945, dans le contexte nouveau d'un monde divisé idéologiquement et unifié par la terreur d'une menace commune.
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