On a voulu s'interroger ici sur les passages reliant poésie, fable et
philosophie dans le devenir singulier de l'oeuvre de La Fontaine.
Sous les images confortables, irénistes, «amusantes» et «gaies»,
diffusées par toute une tradition, surgissent alors des paysages
plus secrets et inquiétants, l'appropriation de la fable ayant lieu
ici sur fond de tensions et de crises affectant le statut même de
l'imagination poétique et les pouvoirs de la parole.
Entre Clymène, comédie insolite des débuts, qui offre le spectacle
de l'ennui des Muses pressentant l'usure, voire la mort,
certaine poésie lyrique, et, à l'autre bout du labyrinthe, les fables
du pur plaisir et de l'évidence reconquise, où sont intégrées des
variations philosophiques d'une grande subtilité, que purent
apporter certaines formes d'épicurisme à l'activité poétique de
La Fontaine, en cette longue lutte avec l'ennui qui menace
désormais la parole lyrique ?
Au-delà même de l'épicurisme et de ses métamorphoses, il apparaît
alors qu'en cette trajectoire complexe diverses voix
philosophiques ont pu aider La Fontaine, par les tours et détours
de la fable, à ne pas se borner à «varier son ennui» ; et à inventer
certaines réponses fabuleusement vivaces, donnant à l'antique
genre de l'apologue un potentiel heuristique, éthique et esthétique
sans précédent.
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