Philosophie sentimentale
Un philosophe peut m'instruire ou m'éclairer, mais son oeuvre n'exerce sur moi aucun charme si en filigrane de ses concepts, de ses thèses, de ses arguments, je ne perçois pas le récit d'un chagrin personnel. Sous le masque du cérébral, j'aime deviner l'orphelin, l'amoureux, l'abandonné, le déclassé, le décalé - l'« animal malade ».
Les auteurs que je cite dans ces pages, en exergue de chaque chapitre, n'appartiennent pas à une même sensibilité intellectuelle ou littéraire. Si, cependant, leurs pensées m'accompagnent depuis longtemps et me reviennent à l'esprit comme des refrains, sans doute est-ce parce que j'y entends une semblable tonalité mélancolique.
Que j'aie à m'en féliciter ou à m'en blâmer, c'est à Schopenhauer, mais aussi à Nietzsche, Pessoa, Proust, l'Ecclésiaste, Chamfort, Montaigne, Freud, Rosset, Ortega y Gasset, que je dois ma vocation de philosophe sentimental.
« Sans doute reconnaît-on le philosophe de vraie souche à sa faculté de casser l'ambiance. Un sport mélancolique dans lequel Frédéric Schiffter a tôt montré de sérieuses aptitudes. Il poursuit depuis une vingtaine d'années une oeuvre à la noirceur subtile. »
Aude Lancelin, Le Nouvel Observateur.
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