Philosophie des âges de la vie
Qui, de nos jours, veut encore « faire son âge » ? Les enfants sont adolescents de plus en plus tôt, les jeunes le restent de plus en plus tard, les adultes rechignent à quitter leur jeunesse, et les vieux n'aspirent qu'à en connaître une seconde... Alors que la vie est plus longue et plus sûre que jamais, les étapes qui en rythmaient autrefois le cours semblent aujourd'hui confuses.
Pourquoi grandir ? Pourquoi vieillir ? De telles questions sont désormais ouvertes. Incertitudes dans l'éducation, crise de l'âge adulte, problème des retraites, drame de la grande vieillesse : autant de signes d'un désarroi inédit, reflétant l'ébranlement profond de l'idée même de maturité.
L'examen des grandes philosophies du passé permet de mettre en lumière les nombreuses métamorphoses de l'idéal de la maturité adulte. Il se pourrait qu'une ultime recomposition s'opère sous nos yeux : la maturité, devenue « maturescence », ne désigne plus un état stable, mais un processus indéfini par lequel nous gagnons en expérience, responsabilité et authenticité. Bref, l'adulte n'est pas mort, et sa cause mérite d'être défendue. En dépit des tentations « jeunistes », l'idéal demeure, plus exigeant que jamais, invitant chacun d'entre nous à ce que la philosophie antique réservait aux plus sages des sages : devenir toujours plus grand.
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