Jurant dans sa barbe, Ebert attrapa la boîte de cigares. Le parti, le parti... c'est ainsi qu'on prétendait gouverner ! Soudain, mû par une nouvelle idée plus souriante, il se mit à marcher lentement sur le tapis, tirant sur son cigare, la tête rejetée en arrière. Il se disait : « Tout doux, d'abord un pas, puis l'autre, gauche, droite, gauche, droite... et surtout ne pas sourciller. » Il tira sa montre en argent, le couvercle réfléchissait les images mais déformait. J'ai besoin d'un miroir de poche. Après quelques allées et venues solennelles, une idée lui vint : « Je vais faire entrer quelqu'un, pour vérifier si ça fait son effet. »
En dehors de Berlin Alexanderplatz, toute l'oeuvre d'Alfred Döblin reste pratiquement à découvrir. Roman de l'exil, la tétralogie de Novembre 1918 mêle personnages historiques et de fiction. Deuxième et troisième tomes, écrits de début 1939 à mi-1940, Peuple trahi et Retour du front avaient été conçus comme un seul volume : où l'on découvre le Berlin de la misère et celui des profiteurs de guerre, des bourgeois insouciants, des petites et grandes canailles... Ce sont aussi, entremêlées, grandes et petites manoeuvres : au niveau des États, les affrontements autour du traité de Versailles, qui décideront de l'avenir de l'Europe ; au niveau individuel, les engagements et trahisons, d'amour et de politique, prélude au dénouement sanglant du dernier tome.
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