Nous partons, grâce à Marc Sagnol, dans un voyage long et attentif à travers les terres de Russie, d'Ukraine et de Crimée. Un vers évocateur, souvent empreint de sensualité et juxtaposant impressions immédiates, souvenirs littéraires ou historiques, nous guide de ville en ville, de fleuve en fleuve, de contrée en contrée. Pour le lecteur épris des grands écrivains russes, ces noms propres qui donnent leur titre à chaque sonnet évoquent les récits qui nous transportent dans des pays étranges et familiers où l'on fait chauffer le samovar, où les distances se mesurent en verstes, où l'on se déplace en traîneau par des hivers sans fin. Un autre monde, en somme, dans lequel les émotions se chargent d'une intensité où vibre notre humanité. On perçoit aisément que le poète s'émerveille et nous communique son enchantement, d'autant que le précède cette particulière merveille du roman russe.
Pétropolis
« Pétropolis, diaphane... », un vers de Mandelstam.
Approche de l'hiver, plongeant dans les ténèbres
La ville, les canaux, la Néva, au grand dam
Du voyageur perdu dans ce brouillard funèbre.
« Sur la dalle du pont... », un vers de Paul Celan,
Lu ici, déclamé et commenté, naguère,
Conclave où ton visage m'apparut, scellant
Un bref regard sous le signe d'Apollinaire.
« Ô jaillissement pur ! ... », un vers de Hölderlin,
Chantant le Rhin, le Main, les sources du Danube,
Évoqué en ces lieux, tandis que je titube.
« Oh ! Que ne suis-je un aigle... », un vers de Vvedenski,
Découvert en été, recherché sur Nevski,
Tout embrumé des vers du poète Essenine.
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