Il était une fois, sous la reine Victoria, un célèbre dessinateur de Punch. Il lui vint un jour l'idée d'une histoire. Comme il était modeste, il voulut en faire don à Henry James, qui lui conseilla de l'écrire lui-même. On doit donc à James, en plus de ses chefs-d'œuvre, le chef-d'œuvre d'un «amateur» : Peter Ibbetson.
George du Maurier n'avait peut-être pas lu ce philosophe chinois qui, en s'éveillant d'un songe, se demandait s'il était Tchouang Tzen rêvant d'être un papillon, ou un papillon qui rêvait d'être Tchouang Tzen. Mais comme chacun de nous, surtout dans les moments où la vie ne tient pas ses promesses, il devait se demander si la «vraie vie» ne pouvait pas être parfois celle de l'envers : cet envers du rêve qui consolerait de l'endroit des jours. George du Maurier rêva donc d'un captif et de la femme qu'il aime, que la magie du «rêver-vrai» libère. Et la merveille de ce merveilleux livre, c'est que les rêves de Peter Ibbetson sont si beaux que tout à fait vrais, et si vrais qu'inoubliablement beaux.
Claude Roy
Ce roman a paru pour la première fois en Angleterre en 1891.
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