Une nouvelle « bonne conscience » ironise sur les droits de l'homme. Elle invoque la pluralité des cultures. Elle flatte une notion de nature de l'homme unilatérale dans sa tendance à dominer sur tout autre. Or sans doute oublie-t-elle le dénominateur commun de la personne, du sujet nu, sans qualificatif. La personne, dont cet ouvrage reprend la genèse métaphysique et juridique occidentale, ne tire pas sa dignité d'un quelconque processus de reconnaissance matérialiste qui la ferait dépendre de sa production ou de son travail. Elle est nativement digne par sa simple existence. C'est dans le fait d'exister qu'elle affirme sa liberté, comme seul fondement possible de sa responsabilité, et comme source de sa vocation au partage des droits.
La réflexion critique n'en est que plus nécessaire face à une accablante indifférence aux injustices sociales relevant de la compétence du juriste et qu'entretiennent diverses conceptions préoccupées d'« éthique » et invoquant sans cesse les thèses dites « jusnaturalistes » ou « positivistes ». Car elles préfèrent la précarité à la stabilité, le changement à l'immutabilité, la fragmentation particulariste à l'unité des contraires. Et l'euphémisme d'une crise économique et financière (comme celle de la révolution technique de jadis) leur offre l'occasion de ressusciter l'obscurantisme le plus commode de toutes les époques : celui d'une fatalité qui nuit à l'intelligence du réel, qui enlève au sujet humain sa substance personnelle et qui le nie dans la liberté de ses actes.
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