Salué à ses débuts par Mallarmé et dans sa vieillesse par Jean-Paul
Sartre, André Gide (1869-1951) a longtemps été un clandestin des lettres
françaises. On comprend que le lecteur contemporain ait été un
peu perdu devant une oeuvre protéiforme, difficile à saisir, s'écartant
des genres traditionnels et qui, au travers d'une exploration formelle,
s'attaqua à bien des tabous.
Or, Gide n'a pas simplement cherché à écrire des livres. Il a mis sa
vie entière au service d'une oeuvre qui se devait de refléter les questions
morales d'une société, mais aussi de les critiquer. Auteur engagé
avant la lettre, sa morale est contenue dans l'art, dans l'oeuvre d'art.
Une phrase incorrecte le faisait sursauter. Vieil homme, il n'avait pas
peur de mourir, mais d'écrire des phrases grammaticalement incorrectes.
Jeune homme, il avait fait sien le mot des Écritures : «C'est à ses
fruits que l'on reconnaîtra l'arbre.» Dans une approche ternaire (Écriture
- Littérature - Culture), les neuf études ici réunies essaient de
déterminer pourquoi ses fruits restent si savoureux, l'arbre si verdoyant.
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