De Le Sang (1989) à Vitalina Varela (2019), Pedro Costa a construit en seulement neuf longs métrages l'une des oeuvres cinématographiques contemporaines les plus singulières et cohérentes, À force d'opiniâtreté, il a su créer des conditions de production à sa mesure, humbles, celles qui lui ont permis de révéler la richesse esthétique, poétique et politique d'un lieu (le quartier de Fontainhas et ses déclinaisons) et de ses habitants (notamment Vanda, Ventura et Vitalina). Il opère ainsi dès Ossos (1997) un resserrement spatial qui se vérifie également lorsqu'il semble s'éloigner de son principal centre d'intérêt pour deux films consacrés à des processus de création artistique, que ce soit dans la salle de montage de Danièle Huillet et Jean- Marie Straub (Où gît votre sourire enfoui ?, 2001) ou dans le studio d'enregistrement de Rodolphe Burger et Jeanne Balibar (Ne change rien, 2009). Costa, selon ses propres dires, s'attache à une « réinterprétation » de la vie des personnes avec lesquelles il travaille, ainsi qu'à une « redéfinition » de la distance entre elles et lui.
C'est ce parcours et ce geste que le présent essai tente de caractériser, ceux d'un cinéaste remettant au centre de l'attention celles et ceux qui sont habituellement cantonnés à la lisière du monde.
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