Il me fallait retrouver les faveurs de mon ami, qui par sa colère m'avait ouvert une nouvelle fenêtre sur le monde. Pour m'excuser, je pris une décision qui allait me faire une drôle de réputation au collège et me suivre pendant des années. Je dérobai quelques plumes au faisan empaillé qui trônait à l'accueil de l'hôtel Formule One. J'empruntai également le rouge à lèvres de ma mère, ainsi que le bandeau de tissu qui lui servait de serre-tête. Une fois la récréation sonnée, je me dirigeai vers les toilettes, où je me fis avec tout cet attirail un déguisement digne des Indiens les plus farouches que la terre eut jamais portés. Mon livre dans la main, je me lançai dans la cour du collège, droit vers Lucas.
Au tournant des années 2000, Mme Doumbey et ses deux enfants, Maéline et Benny, le narrateur, bourlinguent de chambres d'hôtel miteux en chambres chez l'habitant peu scrupuleux. Avec lucidité et tendresse, le narrateur rend leur dignité à toutes les mères étrangères qui, comme la sienne, se débattent pour donner à leur progéniture une vie d'enfant et un avenir possible dans la France qu'elles ont choisie. On suit avec gravité et humour le destin du jeune garçon entre ses 11 ans et la sortie de l'adolescence, ses amitiés, son amour de la danse et le choix qu'il fait d'être un Peau-Rouge qui ne se laissera pas exterminer par les Visages Pâles. Un roman qui rappelle La vie devant soi. Une plongée dans le monde des sans-papiers qui se font discrets au milieu de nous, pour faire comme « ceux-qui-sont-là-depuis-toujours ».
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