Les paysans du Tiers monde, et de l’Inde en particulier, sont parfois présentés de manière caricaturale comme des rustres irrationnels, parfois au contraire comme capables de maximiser le profit aussi bien qu’un homme d’affaires occidental. Mais à chaque fois, on sous-estime la diversité des logiques paysannes. C’est ce que cherche à éviter cet ouvrage qui traite des trois échelles géographiques de la vie des agriculteurs de l’Inde du Sud : la région (le « système rural »), le village, l’exploitation agricole. Cependant, à chacun de ces niveaux apparaît une opposition entre les deux régions du Karnataka : l’une irriguée par un important barrage, l’autre vouée à une simple agriculture pluviale ; la première enrichie par la culture intensive de riz et surtout de canne à sucre, l’autre ne survivant que par l’émigration. De nombreux éléments révèlent les contraintes ou les atouts dont doivent tenir compte les paysans : la structure des castes encore si hiérarchisée, les différences de classes, mais aussi les problèmes du crédit, des marchés et du bétail, le rôle de l’administration indienne, tout autant que le « poids » de l’hindouisme, souvent exagéré. Loin de se cantonner au particulier, l’ouvrage propose une grille d’analyse générale des logiques paysannes du Tiers monde. Pris entre les contraintes du milieu naturel et les politiques de développement rural de l’État, l’agriculteur y apparaît pleinement rationnel dans ses stratégies, en fonction de logiques qui n’ont pas toutes pour but le profit financier.
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