«J'ai contemplé le réveil de la nature en bien d'autres lieux,
certains admirables, en Bretagne, dans les landes couvertes
de genêts, en Autriche, au milieu d'alpages où des dizaines
de ruisseaux couraient sur la mousse, près des lacs italiens,
quand le moindre souffle d'air apporte des parfums suaves.
Mais, à chaque printemps, c'est à ceux de Giesland que je
pense. Non qu'ils me semblent avoir été plus beaux mais
quand je connus le premier, la guerre allait se terminer et
je venais d'avoir quinze ans.
Quelques mois auparavant, en 1944, début octobre, j'avais
fait mon entrée à l'école normale. Les troupes alliées avaient
délivré la plus grande partie de la Belgique, mes débuts à
l'internat coïncidaient avec le retour de la liberté. Enfin, celle
du pays. J'ignorais que la mienne serait fortement compromise,
et pour longtemps.»
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