Le Totem emblématique de la Nation, l'idole suprême, le Sauveur providentiel, l'homme qui passe pour avoir rendu à un pays occupé par les barbares son honneur, sa grandeur, sa gloire, le libérateur solitaire, le stratège novateur, le démocrate acharné, le réformateur impassible, le justicier impartial, le négociateur impavide, le ferme décolonisateur de l'Empire branlant, l'irrécusable mémorialiste, l'homme de lettres raffiné, le miraculeux réformateur de la Constitution moribonde, le thaumaturge de l'armée affaiblie, le prince du nucléaire, le pacha des formules, le génie des bons mots, l'aristocrate des bains de foule, l'inouï visionnaire de la modernité contemporaine... ne fut jamais au fond qu'un vulgaire politicien publicitaire au charabia charlatanesque, un diplomate cynique et ingrat, un menteur impénitent, un soldat raté, un théoricien surfait, un mégalomane colérique, autoritaire, despote dans l'âme, un bourgeois faible d'esprit, un réactionnaire stupide gavé - dès l'adolescence et jusqu'à son déclin sous les quolibets révolutionnaires - des pires idéologies que le XIXème siècle français a produites, un apprenti-écrivain vulgaire et laborieux, s'illusionnant sur tout et d'abord sur lui-même, féru des stéréotypes romantico-fascistes les plus écoeurants, témoignant d'une indulgence proche de la fascination pour les pires canailles de son temps, insensible et paternaliste, vaniteux et grandiloquent, parfois paranoïaque, toujours mythomane, révisionniste, mystificateur, rigolo ringard.
Il était temps, après un demi-siècle de sottise française, de pulvériser le colosse de plâtre.
Place au rire ...
S.Z.
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