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Paul Groussac, né à Toulouse en 1848, est « l'intellectuel par excellence des années 1880, mais il est surtout par excellence l'intellectuel européen en Argentine », selon les mots de Ricardo Piglia. Il fut, pendant presque quarante ans, directeur de la Bibliothèque Nationale d'Argentine, réfléchissant aux péripéties que connaissait un pays instable sans hésiter à nous laisser quelques eaux fortes mordantes et profondes, aussi bien à propos de Sarmiento que des émigrés de la Commune de Paris. Pour Jorge Luis Borgès, s'il n'est pas devenu en France un Renan ou un Taine, Groussac a acquis une immortalité en Amérique du Sud, qui correspond à celle de Samuel Johnson en Angleterre : tous deux furent autoritaires, doctes, mordants. Aujourd'hui c'est moins son humeur caustique et sourcilleuse de conservateur, ou son attachement aux traits les plus saillants de la belle époque que les signes, trop rares, d'indépendance intellectuelle qu'il a montrés, et ce qui se révèle, dans sa langue d'émigré, d'un fond de tragédie, qui nous retiennent. Ce livre, écrit par un Argentin et un Français, interroge l'oeuvre de Groussac comme un grand essai sur la condition impossible d'étranger et d'émigré revendiquant une culture nationale lointaine dans une langue hors lieu.