Quatre décennies ont passé depuis la mort de Paul Celan.
Son suicide, dans la nuit du 19 au 20 avril 1970, a créé un vide
qui, d'une certaine manière, n'a pas été rempli. Vide parmi ceux
qui avaient eu la chance de le connaître, vide dans la poésie de
langue allemande qu'aucune grande figure n'est parvenue depuis
à combler. La très forte croissance des études qui lui sont consacrées
l'atteste à sa façon : tout se passe comme si, pour reprendre
le titre de l'article de Maurice Blanchot, Celan avait été, du moins
en poésie, «le dernier à parler», comme si la poésie de langue
allemande s'était tue avec lui.
Il se trouve qu'ayant commencé à lire Celan vers 1966, j'ai été
le témoin de la croissance de sa notoriété. C'est pourquoi, lorsque
Yves Bonnefoy et Antoine Compagnon m'ont fait l'honneur de
me demander quatre leçons au Collège de France, j'ai pensé que
le moment était venu d'essayer de faire le point sur ce que je
croyais être parvenu à comprendre d'une oeuvre dont le mystère
et la beauté n'ont jamais perdu le pouvoir de fascination qu'elle
exerça sur moi dès que je la découvris.
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