L'oeuvre de Paul Celan a amené Adorno à revoir son jugement sur l'impossibilité d'écrire des poèmes après Auschwitz. Mais elle nous laisse avec un autre questionnement : comment lire des poèmes après Auschwitz ?
Croisant les outils critiques de la théorie littéraire et de la philosophie (notamment les pensées de Benjamin, Lévinas et Derrida), Alexis Nouss considère à parts égales le travail d'écriture de Celan et son travail de traduction, immense et mal connu, pour les situer au sein d'une même poétique ouverte sur Tailleurs.
L'auteur entend également sortir l'oeuvre de Celan des cadres de réception qui ont souvent été les siens en France, à savoir des lectures philosophiques ou esthétiques tendant, dans les deux cas, à relativiser son historicité.
Si « déplacement » s'est imposé comme le mot-clé pour tenter une telle approche dans ce livre, c'est qu'il est appelé par la notion de méridien, centrale chez Celan.
Quatre parties en jalonnent la circularité : « Le sens déplacé », « Le temps déplacé », « La langue déplacée », « La vie déplacée ».
Celan se refusait à toute biographie hors du vivant de la parole poétique. Il n'empêche que son existence, de la naissance en Bucovine jusqu'au suicide à Paris, incarne le destin d'une Europe qui vit au XXe siècle son identité mutilée. Il importait alors de retracer le décor du parcours de sa vie, ce à quoi s'emploient des vignettes rédigées en fonction des lieux qu'il connut et insérées en tête de chaque chapitre.
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