Passage des Indes
Chroniques de vie à Pondichéry
Quand à l'occasion d'une mutation professionnelle, Saïd Mohamed pose
ses valises du côté de Pondichéry, c'est sûr, son regard verra et sa plume
dira des choses différentes de ce que l'on peut trouver dans bien des
guides ou des récits pour touristes goguenards.
Avec ce voyageur-narrateur on croise des familles d'intouchables, on côtoie
mendiants et lépreux, on passe un moment dans une salle de cinéma, film
Bollywood garanti : romantisme dégoulinant et sensualité bien trop
suggestive à l'écran pour une jeunesse à la libido bridée. On se retrouve
au coeur d'un mariage où le Blanc fait figure de porte-bonheur. Au marché
aux poissons, les femmes vendent leur camelote à même le sol. L'orphelinat
de soeur Dolorès ne manque ni de surprises ni d'enseignements. Ajoutez
un petit tour aux urgences ou dans un commissariat... Tout cela ne manque
pas de surprendre ou d'étonner comme ces scènes rapportées dans les
gares, les trains ou les bus, qui « non contents de rouler à tombeaux grands
ouverts sur des chaussées défoncées, se tirent la bourre ».
Monsieur Mohamed, citoyen français, découvre l'exil, « ressentant ce
que peut ressentir un étranger dont la civilisation d'origine est à l'opposé
de celle dans laquelle il se trouve parachuté. [...] Plus rien n'a de sens ».
« Tout le vernis s'effrite, tombe. Rien ne résiste à ce maelström ».
« La raison, le cartésianisme, il est urgent d'en faire un paquet juste bon
pour la déchetterie. Ça, c'était l'autre civilisation, cela n'a plus cours en ces
lieux. »
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