Redoutable dialecticien, Pascal reste conscient de la faiblesse de tout argument, de l'insignifiance des énoncés, de la stérilité des méthodes. Il ne prétend pas, dans ses Pensées avoir rien dit d'inouï, mais avoir mieux placé la balle dont tout le monde joue, avoir inventé une disposition nouvelle. Il importe donc de s'interroger sur cette disposition, c'est-à-dire de considérer enfin comme essentielle l'étrange répartition en liasses que restituent aujourd'hui les éditions des Pensées. L'ordre de Pascal est à la fois une rhétorique singulière et un rapport original à la vérité.
Mais l'examen doit être inductif et méticuleux. Quelle logique exacte préside à la répartition des pensées entre une liasse « vanité » et une liasse « misère » ? Comment la raison des effets marque-t-elle la grandeur de l'homme ? Pourquoi Pascal a-t-il disséminé les fragments traitant du divertissement, au lieu de les réunir dans le dossier qui semble consacré à la question ? Quelle espèce de transition désigne-t-il sous le titre « Transition de la connaissance de l'homme à Dieu » ? Telles sont les questions, et d'autres similaires, proposées à la réflexion dans ce volume. Le commentaire d'une pensée ne devrait plus s'envisager en dehors de sa situation dans le singulier dispositif que forment les liasses.
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