Pourquoi publier aujourd'hui des fictions, alors que la réalité n'est plus que la somme des trucages qui lui donnent le sens qu'elle a? Ou plutôt: quel sens ont les fictions que nous publions aujourd'hui? Ou plutôt: quel sens a l'aujourd'hui dans les fictions que nous publions? Ou plutôt: quel aujourd'hui pour les fictions du sens que nous publions maintenant? La mise en déroute du sens, des codes de représentations, être au plus près de l'étrange qui jaillit aujourd'hui et dont on ne peut prendre la mesure instantanément. Faire une place à cette étrangeté, apprendre un temps à parler sa langue pour voir si, comme les Persans nous parlant de Versailles, elle n'a pas à nous apprendre quelque chose sur notre façon de voir le monde. Ou sur les représentations que l'on se donne pour voir le monde. Ou sur la beauté que l'on n'est pas capable de voir au monde.
Le «pas de deux» est un pas de danse - pour deux personnes sans doute -, rythmé, allègre, mais c'est aussi la transcription sèche, en style télégraphique, d'une solitude radicale: personne pour prendre en charge l'altérité. Il n'y a pas d'autre, pas de compagnon pour renvoyer une image de lui à ce Jeanjean qui est au centre du livre. De fait c'est une figure minimale que nous présente Pierre Parlant: «L'ignorance absolue qui le qualifiait, faisait de lui, Jeanjean, un être de renom sans renommée aucune.» Une figure étonnante, qui tiendra de l'idiot et de l'enfant. Une sorte de courant d'air ou un entre deux lancé à la recherche de ces moments rares où les choses du vivant apparaissent sans être tuées immédiatement, figées par les noms qu'on leur donnera.
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