Daniel Leduc est un acrobate qui marche sur la corde raide du
poème, le regard tourné vers l'intérieur.
Exercice périlleux, le moindre mot inapte ou inadéquat peut
vous précipiter dans le vide. Mais Daniel Leduc connaît la forme des
mots et leur manière de traverser le vide d'un horizon à l'autre sans
basculer. Les mots sa grande passion, ils font le lien entre le geste et
le silence, entre la mémoire et l'oubli, entre la rupture et la fin. On le
croit lorsqu'il affirme que les fleuves sont immobiles, les pluies suspendues
et que la brise est parole d'errants. On écoute avec lui le
galop invisible des mots dans les steppes quand «la vie passagère
clandestine, secrète aux bruits du temps, devient légère comme une
absence»...
Comment ne pas le croire lorsqu'il s'interroge sur le nombre
nécessaire de mots pour éclairer la nuit ?
«Combien pour franchir la frontière entre les êtres
et quels mots ? Quelle épaisseur de mots ?
Ma main sur ton épaule
ne dit rien qui ne soit partage,
elle épouse la forme de ta peau.
Quelques bruits nous rappellent que le monde éructe
que la violence est là dans les soubresauts.
Je me souviens du ventre de la terre
où je dormais
avant de naître au temps»
Vénus Khoury-Ghata
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