Il se servait d'un matériel rudimentaire si on le compare à celui des photographes d'aujourd'hui. Il appartenait à la race des vrais artistes qui ne se laissent pas déborder par la technique. Quelques bouts de ficelle et ils font éclore la magie. Ce photographe nommé Brassaï ressemblait à l'opérateur de cinéma allemand Woody Bredell qui avait si bien étudié les éclairages de Rembrandt qu'on disait de lui qu'il n'avait pas besoin de projecteurs. Il lui suffisait d'une allumette pour illuminer un stade de football.
Je ne crois pas qu'on puisse parler au sujet de Brassaï d'expressionnisme ni même de fantastique social. Il était si réceptif, si sensible aux différents aspects de la ville, si curieux de s'enfoncer dans «les plis sinueux des grandes capitales où tout, même l'horreur, tourne à l'enchantement», qu'il finissait par se fondre naturellement dans la nuit parisienne. Quelle patience lui aura-t-il fallu pour capter les sources de lumière de Paris !
Patrick Modiano
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