Au début des années cinquante, les déchirures provoquées par
la Seconde Guerre mondiale étaient encore mal cicatrisées. Il
y avait peu de tournées internationales, on ignorait généralement en
France ce qui se passait au-delà des frontières dans le théâtre et dans
les arts.
S'inspirant de la Société universelle du théâtre fondée par Firmin
Gémier à la fin des années vingt pour réconcilier les peuples par leur
culture, A. M. Julien et Claude Planson décidèrent de rassembler des
artistes de tous les pays, de révéler les expériences dramatiques, lyriques
et chorégraphiques les plus neuves, ainsi que les cultures, les
traditions du monde entier. En dotant Paris d'un Festival international,
ils voulurent lui donner un rayonnement sans précédent.
Le Festival international d'art dramatique de la Ville de Paris qui devint
le célèbre Théâtre des Nations fit venir à Paris tous les théâtres du
monde, de 1954 à 1965. Des artistes d'Europe de l'Est franchirent le
rideau de fer. Brecht pulvérisa la convention théâtrale et Béjart révolutionna
la danse académique. Brook décapa Shakespeare. L'Amérique
diffusa ses avant-gardes des années soixante. L'Opéra de Pékin déploya
sa magie. Dans l'alambic du Théâtre des Nations bouillonnèrent les
prémisses de Mai 68. Une expérience fondamentale aujourd'hui oubliée.
Elle avait pourtant valu à Paris le titre de «capitale mondiale du théâtre».
En 1963, apparut en province un jeune théâtre plus radical, dans
le cadre d'un Festival initié par Jack Lang. Nancy disputa alors à Paris
son titre de capitale du théâtre.
Cet ouvrage abondamment illustré retrace une entreprise qui allait
réveiller la créativité endormie. Il dévoile un pan occulté de l'histoire
du théâtre à travers des spectacles-chocs, des révélations et des subversions
qui servirent de catalyseur au renouvellement des arts de la
scène au cours des décennies suivantes.
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