La réalité est pénétrée, imbibée, perfusée d'images et de fictions.
Mais il existe de bonnes fictions, qui laissent la liberté, favorisent
l'ouverture et l'interprétation, et de mauvaises fictions, qui ne
laissent aucun choix, emprisonnent, appauvrissent. Notre époque
est celle de luttes entre imaginaires d'origines, de formes et de
motivations opposées. Nous avons besoin de romans de mots,
de sons ou d'images contre les fictions imposées et leur misère
spirituelle. De fictions de nos choix contre toutes celles qui nous
étouffent. De fictions «consistantes», qu'il est possible de partager,
et qu'il est essentiel de poursuivre sans fléchir. Elles ne sont parfois
que des relectures d'oeuvres du passé ou d'épisodes bien réels
de notre propre vie. Mais elles nous aident à lutter contre les robinets
numériques du show dominant... Par leur humour et leur lucidité
parfois désespérée, elles libèrent de la Machine à décerveler et
à atrophier nos affects, ouvrent l'horizon et découvrent des territoires
inexplorés. Curieusement, elles sont bien souvent l'oeuvre
de grands paranoïaques. Ce sont des peintres ou des imposteurs,
des écrivains de série B ou des visionnaires de marc de café, des
ancêtres surréalistes ou des écorchés du virtuel. Au sein de cette
galerie hétéroclite, citons Philip K. Dick, Kolkoz, Francis Picabia,
Ultralab, Patrick MacGoohan, les Yes Men, David Cronenberg ou
encore James Graham Ballard. D'hier et d'aujourd'hui, toujours
au-delà du vrai et du faux, ils mordent l'époque. Ariel Kyrou nous
les fait découvrir ou redécouvrir et s'appuie sur leurs lumières noires
pour un livre de philosophie rare, car critique, engagée, vécue dans
la chair de son auteur.
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