Ce livre part d'une question : pourquoi les artistes ont-ils représenté le
jardin public avec une telle constance entre le milieu du XIXe siècle et les
débuts du XXe ? La liste est en effet longue des peintres, souvent célèbres,
ayant signé des oeuvres portant sur ces «espaces verdoyants»
(Haussmann) parés de luxe et de modernité. Le jardin public s'offre à
eux comme un théâtre miniature des civilités en milieu urbain, éclairant
les usages et les entorses aux règles ; il dévoile une nouvelle organisation
du temps où le loisir est aménagé à l'égal du travail ; il diffuse un
certain rythme, balançant entre l'harmonie et la monotonie, entre la
variété et la routine, entre l'arabesque des allées et le surplace du banc ;
à l'âge des avant-gardes, il acquiert enfin le prestige de l'anachronisme
aux yeux des artistes qui, à l'instar d'Hélion, refusent la temporalité
univoque de la course au progrès. Poursuivant l'enquête au-delà de la
Seconde Guerre mondiale, cette étude s'achève avec les situationnistes
et leur célébration du «square vague».
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