Par une forêt obscure
« Écraser au revers des feuilles frisées, vert bouteille, des plants de pommes de terre, les plaques jaune safran qu'y déposent les doryphores en tenue camouflée, rayée de kaki, et se salir les doigts au jus collant de leurs oeufs en suave omelette.
Pourchasser au soir tombant les hannetons patauds : ils lancent d'un buisson l'autre la basse bruyante de leur moteur.
Rouler et te rouler dans la prairie qui moutonne en pente vers le ru.
Jeter soudain un corps fourmillant de sèves dans la terre tout juste bêchée du potager, te retourner face au ciel, fermer les yeux tant la lumière est forte, appuyer ton dos contre l'axe du monde et éprouver en chaque fibre la sensation enivrante qu'il tourne sans à-coups et t'entraîne sur sa puissante machine pour un manège éternel.
Seul, à la garde du chien, tu possèdes alors le lieu, tu possèdes toute la terre. »
Quelque part à la campagne en France, un enfant vit avec sa grand-mère. C'est la guerre. La seconde. Un homme, un « cousin », vit en secret dans la resserre. De la guerre, on ne parlera pas, ou très peu. Elle est là, c'est tout, comme un bruit de fond.
Par une forêt obscure est un récit de l'enfance. Pas un de ces récits de souvenirs d'enfance dans lesquels nous trahisons notre sensibilité d'alors : non, Maurice Mourier restitue de manière extraordinaire ce que c'est qu'être enfant, et plus particulièrement ce rapport étrange que nous pouvons entretenir au temps, qui s'accélère ou ralentit selon des logiques mystérieuses. Comme si Maurice Mourier avait su conserver dans son esprit, intactes, ses impressions d'alors, et nous les restituer dans toute leur lumière et leur innocence.
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