Papi Nougat n'est pas mort
« Ici, on habille les forts, les grands, les gros et les trapus. » Sur la plus grande de ses vitrines, Jacques Guibor qui n'a jamais eu peur du ridicule, a fait inscrire sa réclame en grandes lettres autocollantes jaune fluorescent. Dans le quartier Montparnasse à Paris, tout le monde connaît la Maison Guibor, une entreprise familiale de confection comme il n'y en a plus - magasin, salon de thé, confessionnal - installée près de la rue de la Gaieté et du cimetière Montparnasse, au 29 de la rue Delambre.
Là, comme sur la scène d'un théâtre de boulevard, autour du Patron et de sa femme Ida, se croisent chaque jour des personnages extravagants dans des situations qui ne le sont pas moins. Mais derrière le burlesque, dans un décor suranné, les acteurs jouent une pièce dont la philosophie s'est construite sur les convulsions de l'histoire.
Avec humour et émotion, Catherine Lewertowski raconte l'histoire de son père, juif russe, migrant parmi beaucoup d'autres, arrivé en France dans les années vingt. Epaulé par Ida, sa fidèle « bourgeoise », le couple incarne le parcours des immigrés d'Europe de l'Est, dont les vies ont été à jamais bouleversées par la Shoah.
Les rires et la générosité du Patron sont autant de baumes sur les profondes blessures.
Une belle leçon de vie.
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