L'art ne peut exister que par ce qui le nie ; il lui faut
s'expatrier, en se choisissant des contre-modèles qui travaillent
à l'encontre de ses propres moyens.
D'où, pour l'écrivain, la fascination, parfois inavouée,
pour tout ce qui ferait l'économie du langage et de ce qu'il
postule (sens, formalisation et structuration logique).
Au fond, sans la conscience que le langage est vain, écrirait-on
?
Ce livre explore, de Balzac à Zola, de James à Wilde, de
Maeterlinck à Sarraute, de Proust à Carson Mc Cullers,
quelques aspects de cette résistance du texte qui passe par
le renoncement aux pouvoirs du langage.
Écrire n'est peut-être qu'une façon de crever l'écran
des mots ; à l'endroit de la déchirure, par le pan, dont la
peinture servit de modèle à Proust, le Réel surgit alors, et
nous aveugle, sans pour autant nous tuer ou nous rendre
fou ; car l'oeuvre nous permet de survivre joyeusement à
cette catastrophe dont elle rend l'expérience possible et
salvatrice.
Du même auteur, aux éditions José Corti : Théâtres du
Nouveau Roman ; L'Envers du théâtre ; Paroles perdues.
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