« Longtemps, j'ai cru que la véhémence protégeait de la mélancolie. Or je ne sais plus quel vent m'emporte. Je me réveille chaque matin plus furieux et plus mélancolique. La véhémence ne protège donc pas...
Un proverbe arabe dit : Celui qui veut tout comprendre peut mourir de colère. En juin 1970, j'avais douze ans. J'interpellais les gens dans la rue, armé d'un enregistreur. Je leur posais une seule question : " Que pensez-vous de l'initiative Schwarzenbach ? " Il s'agissait d'expulser du territoire suisse la plupart des habitants étrangers. Je m'étranglais d'indignation. Je voulais tout comprendre. »
Si Yves Laplace est avant tout romancier, il se souvient aussi, dans ses chroniques, ses libres propos, de l'enfant révolté qu'il fut. Témoin attentif de notre époque, il donne à entendre une voix véhémente, affranchie de tout prêt-à-penser. En trois grands chapitres, « L'impuissance du censeur », « Outrage aux mots, aux morts et aux vivants » et « Quatre interventions », ce livre visite certains événements marquants de l'histoire récente. Que l'auteur parle d'artistes censurés ou diffamés, des affaires de moeurs qui nous fascinent, de la guerre des Balkans, ou encore de son voyage dans le bus de ligne régulière Cracovie-Oswiecim (Auschwitz), il remonte toujours le même fil rouge souvent passé inaperçu auparavant. Il recueille ses colères, ses « engagements », ses interventions politiques. Outrages pourrait ainsi former l'ébauche d'une autobiographie polémique, inscrite sous le signe du déplacement immobile...
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