Amie de Chateaubriand et de Mme de
Staël, Claire de Duras fut le premier
écrivain à donner sa voix à une femme
de couleur victime des préjugés raciaux.
Ourika (1823) retrace l'histoire saisissante
d'une jeune Sénégalaise : ramenée en
France à la veille de la Révolution pour
être offerte à la princesse de Beauvau,
qui l'élève comme sa fille, elle découvre en grandissant
que l'éducation, la morale, la religion ne suffisent pas à
rendre les individus égaux. Goethe avait été bouleversé
par ce roman. Si, deux siècles après sa parution, il
continue de nous émouvoir, c'est, comme le suggère
l'écrivain britannique John Fowles, parce qu'il «touche
vraiment un des points les plus profonds de l'art,
le désespoir de ne jamais atteindre la liberté dans un
milieu déterminé et déterminant. Voilà pourquoi Ourika
d'un côté plonge ses racines dans le XVIIe siècle français,
chez Racine, La Rochefoucauld, Mme de La Fayette,
tandis que de l'autre côté il regarde vers Sartre et Camus.
C'est l'examen clinique d'une outsider, de l'éternel étranger
dans la société humaine».
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