Oublier l'amère patrie
« Mes parents ! Des êtres qui m'évoquent la défection, pour dire vrai. Le souvenir de Mère est comme une ombre dans ma tête : une silhouette flottante et un visage aux contours fuyants. Son sourire, cependant, reste fixe et gravé dans ma mémoire : une grande bouche, des lèvres gracieusement charnues qui, en mouvement, laissaient découvrir un chapelet de dents miraculeusement alignées et blanches comme le kaolin. Et puis ses yeux... Deux grandes fenêtres de bienveillance à vous liquéfier jusqu'aux plus tenaces pensées suicidaires. Il paraît que le lendemain de son emménagement dans sa chambre nuptiale, un homme par tous considéré idiot dans la commune, mais aussi constant au domicile de Père que la mauvaise haleine au réveil d'un carnivore octogénaire avait été conduit hors de la pièce, la bouche barbouillée de cendres, pour s'être écrié, après l'avoir dévisagée pendant ce qui semblait avoir duré autant qu'un harmattan entier, « Ma parole, si tu n'as jamais entendu que tes yeux te vont à ravir c'est que l'humanité entière est aveugle ».
Et Père ! Que pourrais-je dire de lui ? Rien ou en tout cas pas grand-chose, car je ne l'ai jamais connu. Mais son nom réveille en moi un inconfort insondable. »
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