Face à un univers qu'il ne connaissait pas, inhumain et cruel par inhumanité, Oscar Wilde, poète et humaniste à sa manière, vit avec lucidité cet épisode douloureux de sa vie, avec la sérénité de celui qui sait que ce qu'il subit est le châtiment inexorable de ses errements passés. Aussi, dans ses deux lettres au rédacteur en chef du « Daily Chronicle », n'hésite-t-il pas à user, sans aucune honte ou rejet de sa triste expérience, de sa notoriété et de son nom pour dénoncer les conditions odieuses de la vie dans les prisons anglaises de l'époque, en particulier lorsqu'elles s'appliquent aux enfants. Dans ce poème admirable qu'est « La Ballade de la geôle de Reading », dont il s'agit ici d'une nouvelle traduction, il nous fait comprendre et partager la douleur et les hallucinations de ses compagnons d'infortune lorsqu'ils sont tous confrontés à cette terrible épreuve que représente l'exécution de l'un d'entre eux, parce qu'il avait tué la chose qu'il aimait. Grâce au travail de Michel Borel, ce double regard d'Oscar Wilde sur la prison est intéressant à plus d'un titre car, à l'aide de son talent et de ses mots, il nous met en face de ce que la société peut avoir de plus cruel et de plus sordide lorsqu'elle se défend et punit, même si la punition est jugée méritée. Plus que bienvenue, une traduction essentielle.
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