Orlan avant Orlan
Pour la première fois, les séries des peintures, des sérigraphies et des collages d'Orlan sont réunies dans un catalogue à l'occasion d'une exposition inédite.
Ce travail de jeunesse très différent de son travail actuel nous rappelle que l'oeuvre d'Orlan commence aussi par la peinture.
[...] On peut être tenté de voir dans les assemblages de formes géométriques de ces peintures des représentations schématisées de l'intérieur du « corps machine » de La Mettrie révisé à partir des mécaniques de Picabia et des machineries célibataires de Duchamp. Supports/Surfaces a, peut-être, joué son rôle, fournissant à Orlan un argument pour en récuser le primat qu'accorde alors à cette avant-garde le milieu de l'art. À la toile libre, plissée et flottante, Elle oppose un support dur, industriel, non « artistique », sans dénotations, connotations et significations intrinsèques comme la toile, favorisant l'éclat de la couleur émaillée et la réification accusée de peintures-objets que l'on peut presque catégoriser comme sculptures. La peinture s'adjoint, ici, un fond. Elle n'est plus tout à fait la tache que prétendait Benjamin. J'ajouterai encore que chacune de ces peintures, à l'instar de certaines oeuvres de Duchamp, propose en aplats un système de plateaux et de réseaux au point qu'en les regardant c'est non pas à la peinture du moment que l'on songe, mais à celle, non advenue alors, de Peter Halley.
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