« Les morts n'ont jamais pu raconter leur expérience de la guerre. Moi, je le peux. Lorsque je dessine une bande dessinée sur le sujet, je sens la colère me submerger. Impossible de lutter. Sans doute ce terrible sentiment est-il inspiré par les âmes de tous ces hommes morts depuis longtemps » écrit Shigeru Mizuki dans sa postface à Opération Mort.
Fin 1943, une troupe de l'armée impériale japonaise débarque sur une île de Papouasie-Nouvelle Guinée. Les engagés (pour la plupart de jeunes recrues) font alors l'apprentissage de la survie dans cette contrée d'apparence paradisiaque : pêcher, construire des abris, éviter les pièges de la jungle...
Et puis un jour, l'ennemi est là. Les combats qui se succèdent n'ont rien d'héroïque, ils s'imposent aux soldats résignés, finissant par ne devenir qu'un aspect d'une vie quotidienne dominée par la quête de nourriture ; les hommes disparaissent un à un, c'est la guerre dans sa brutalité ordinaire. Les rares survivants ont plus à faire avec la faim et les maladies qu'avec l'ennemi, qui est une moins grande menace pour eux que les officiers lorsqu'ils se mettent en tête de « sauver dignement l'honneur de l'armée et de la patrie »...
En grande partie autobiographique, Opération Mort voit Mizuki déployer tout son humour et son art de la simplicité pour dépeindre avec une implacable vérité la guerre au quotidien. Un chef-d'oeuvre qui vous prend à la gorge et dit mieux que les discours mélodramatiques la bêtise universelle des va-t-en-guerre.
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