Jean-Pierre Brisset (1837-1919) réexamine la grammaire et sa théorie et montre la nécessité de suivre l'expérience populaire (et celle des écrivains) dans sa Grammaire logique. Ce qui devrait bouleverser l'enseignement de la langue. Pour Brisset, c'est dans le présent, dans la parole, qu'il faut chercher la vérité des origines et l'origine de la vérité. Pour la linguistique cette œuvre, rassemblée dans son entier pour la première fois, est un document extraordinaire.
Elle n'est non seulement capitale pour l'histoire de la langue mais aussi pour l'histoire de la pensée avec ses visions (ses prophéties) sur les origines humaines (La Science de Dieu, Les origines humaines...) qui occuperont la plus grande partie de sa vie.
La publication des œuvres complètes fait apparaître Brisset comme inventeur (une méthode pour apprendre à nager), comme grammairien, comme prophète. Considéré au début du XXe siècle comme un «fou littéraire», ce «prince des penseurs» est perçu aujourd'hui comme un «transformateur» à l'égal de Roussel, de Jarry, de Satie, de Duchamp.
Breton, Leiris, Desnos, Queneau, Duchamp lui donnaient une place de choix dans leur bibliothèque idéale.
L'ouvrage complémentaire de Marc Décimo comprend un essai biographique, une étude linguistique, les écrits critiques publiés sur son œuvre. Marc Décimo résume exactement cette trajectoire : «la langue exprime le déchirement des classes, elle est la conscience de ce déchirement. Voilà ce que découvre Brisset et ce pourquoi il dénonce le pouvoir grammatical et prône la liberté de la langue.»
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