Depuis la fin des années 1970 - et sa traduction prémonitoire
du Paterson de William Carlos Williams - la poésie nord-américaine
occupe une place particulière dans le travail et la réflexion
d'Yves di Manno : sans doute parce qu'elle permettait alors de
définir un principe, une visée, et même de nouveaux modes de
composition, très éloignés de notre tradition. «Une poésie proche
de l'archéologie, en quelque sorte, soucieuse de l'histoire éparpillée
des hommes et des formes qu'ils auront trouvées pour
l'inscrire, dans une insaisissable durée.»
Les Objets d'Amérique proposent une traversée personnelle
de ce grand continent caché. On y trouvera des études sur la
prosodie visuelle de W.C. Williams et le serial poem de Jack
Spicer, une introduction aux Cantos d'Ezra Pound, une méditation
sur l'ethnopoétique. Mais aussi, insérés ici au titre de la
critique active, quelques pages traduites des «objectivistes»
(George Oppen, Louis Zukofsky), des extraits de L'ouverture du
champ de Robert Duncan, un oracle de Jerome Rothenberg, une
image de Rachel Blau DuPlessis... Le livre s'ouvre sur une série
d'autoportraits évoquant les liens de l'auteur avec ces oeuvres
et le rôle de la traduction dans son propre parcours. Il s'achève
par un texte rétrospectif, L'Épopée entravée, qui retrace les
étapes majeures de cette révolution poétique, de la fin du
XIXe siècle à l'aube du XXIe.
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