En ce début de XXIe siècle, Maria et Khalil forment le « couple parfait ». Noirs à la peau claire, ils sont ces « nouveaux visages » en train de brouiller des frontières archaïques. Tous deux résident dans l'enclave noire bohème de Brooklyn où Khalil surfe sur la première vague de l'ère « point-com » tandis que Maria travaille à sa thèse sur le terrible massacre de Jonestown, lors duquel, en 1978, les neuf cents adeptes, en majorité noirs, de la secte du Temple du peuple trouvèrent la mort.
Enfant adoptée et élevée par Gloria, une universitaire militante morte avant d'avoir achevé sa thèse sur « la triple conscience des femmes noires », Maria à qui tout semble pourtant réussir souffre en secret de troubles du comportement capables de la mettre en danger et de compromettre son avenir.
Danzy Senna, qui a elle-même grandi dans l'« élite à dreadlocks », s'emploie ici à tourner en dérision la quête d'authenticité raciale dont a parfois pu faire preuve une communauté noire contemporaine « branchée ». « On ressemble à des personnages de Woody Allen, la mélanine en plus », résume Khalil.
À travers sa protagoniste, Nouveaux visages incarne l'échec des très flexibles valeurs du monde contemporain à constituer un rempart contre les forces de la mémoire, du désir ou du désespoir. Une remise en cause aussi caustique que radicale de la quête d'identité dès lors qu'elle se réduit à un cliché dévorateur.
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