K : II faut absolument que je parle à Klamm.
Frieda : A Klamm ? Tu veux parler à Klamm ?
Gardena : Seriez-vous tombé sur la tête ? (...) Monsieur l'arpenteur, Klamm est du Château. Klamm ne reçoit même pas les gens du village. Et vous, vous n'êtes même pas du village. Dans ce village, vous n'êtes personne. Vous vous imaginez que Klamm vous recevra ? Mais où avez-vous la tête ?
Frieda : Calmez-vous, Madame Gardena. Je vous en prie, calmez-vous.
Gardena : Pourquoi me calmer ? Il demande des choses invraisemblables, il faut bien que je lui fasse comprendre qu'elles sont invraisemblables. Ah ! On voit qu'il n'est pas d'ici.
La non-acceptation de l'étranger : qui, mieux que Kafka, l'a racontée dans ce grand roman, où l'on voit K arriver dans un village et se heurter sans fin à l'invraisemblable bureaucratie qu'impose le château édifié sur la colline voisine ; où l'arrivant se voit refuser un travail d'arpenteur, parce qu'une légère erreur s'est glissée dans son dossier ; où il est ignoré ou rejeté par presque tous les habitants ?
Comment ne pas se dire qu'à l'heure où la forteresse Europe construit de plus en plus frileusement à ses frontières tous les murs que l'on sait, cette histoire est encore et toujours d'une totale actualité ?
Tel est le point de départ de cette adaptation originale réalisée par Paul Emond pour le théâtre itinérant La Fabrique des petites utopies et la création d'un spectacle hors du commun, tant par sa dramaturgie que par l'espace dans lequel acteurs et spectateurs ont à évoluer.
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