Nous sommes nées sous la IVe République, exactement au mitan du XXe siècle. Nos grands-parents avaient vécu la Première Guerre mondiale,
nos parents ont connu la seconde. Nous, enfants du baby-boom, arrivons dans une France en plein essor économique. Notre enfance se tisse à
l'aune du passé. Morale en classe et à la maison. Les petites filles portent des robes d'organdi, des gants et des chapeaux et apprennent à tricoter
quand elles ne jouent pas avec leur dînette ou leurs poupées. Mais les temps changent, le transistor, la télévision, le téléphone, le tourne-disque
entrent dans les foyers. Mademoiselle Âge tendre remplace Sylvain et Sylvette. Aux chanteurs de rock américains prisés par nos aînés succède
le folk song, non sans un passage par les Yéyés. Partout les choses bougent, la Nouvelle Vague a mis à mal la grammaire cinématographique.
Qui l'emporte dans nos coeurs de l'allure garçonne de Jean Seberg ou de la choucroute de BB ? On fait nôtre la phrase de Beauvoir : «On ne naît
pas femme : on le devient.» Car Mai 68 s'annonce et certaines d'entre nous, au lycée ou déjà en activité, aspirent à plus de liberté. La fin des
années De Gaulle pèse sur la jeunesse comme un couvercle de plomb. Après ce qui ne fut peut-être pas une «révolution», nombre d'entre nous
adopteront le slogan qui marquera la période suivante : «Mon corps est à moi !» Car naître en 1950, c'était rester sous l'autorité paternelle
jusqu'à 21 ans, voir ses copains partir au service militaire mais ne pas pouvoir voter et, pour nous les filles, ne pas côtoyer de trop près les garçons,
car si l'usage des contraceptifs était devenu possible avec la loi Neuwirth en 1967, l'accès à la pilule avant l'âge de 21 ans demeurait soumis
à l'autorisation parentale... Nous étions nées dans l'ancien monde, nous aspirions à en construire un nouveau. Y sommes-nous parvenues ?
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