Le Père de la forêt, c'est le démiurge créateur aux multiples masques, l'Adam orphelin d'un Dieu absent, être de solitude dialoguant avec lui-même dans un temps aboli à travers ses avatars rebelles : le grand-père, le fils et le petit-fils Touraev, une famille d'aristocrates terriens : Nikolaï l'ermite philosophe, chassé de sa propriété par la révolution, Stépan, le survivant des camps de la mort, Gleb enfin, notre contemporain, qui met fin à ses jours après avoir contribué à élaborer une nouvelle arme biologique.
L'écriture polyphonique de ce "roman-parabole" reflète le chœur panthéiste de la verte Forêt des arbres et des hommes. Le lecteur est emporté dans une symphonie de récits imbriqués qui n'est autre que le chant d'un siècle de souffrances et de turpitudes humaines (souffrances des victimes de la révolution, des koulaks réduits à la famine, des Russes prisonniers des Allemands aussi bien que des Allemands mourant lentement dans un camp soviétique, souffrances enfin de Déméter, la Terre menacée par un siècle de progrès techniques triomphants). Dans un monde promis à la destruction où l'énergie du vide est toujours supérieure à celle de la vie, où les fils et les filles du Père-forêt se débattent entre folie meurtrière et suicide, où le Père-forêt lui-même, las de son immortalité et de ses jeux cruels, se prend à rêver à une mort impossible, l'espoir d'un rachat se profile néanmoins, à travers cet enfant qu'une femme précipite du haut d'une falaise et qui se met à nager en riant vers l'horizon.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.