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Depuis 1942, Virgilio Giotti (1885-1957) est sans nouvelles
de ses fils, partis pour le front russe. De 1946, date à
laquelle il apprend tardivement la mort de l'un d'eux, à 1955,
il consigne sa douleur dans un carnet ; ses amis en découvriront
l'existence lors de sa publication posthume en 1959 sous
le titre de Notes inutiles, que Pasolini tiendra pour un chef-d'oeuvre
du XXe siècle. La passion de ces notes est l'amour
des fils.
Claudio Magris nous rappelle qu'«un des plus hauts passages
de l'Iliade (et donc de la littérature mondiale) est celui
où Hector joue avec son fils Astyanax, rêvant qu'il devienne
plus grand que lui et voyant en lui la réalité fondamentale de
sa vie. Mais cette très grande scène d'Homère a eu peu de
suites. Rares sont les fils, dans la littérature universelle, et les
sentiments qu'ils suscitent n'ont pas trouvé de représentation
à la mesure de leur importance dans la vie des hommes. Rares
les pères qui ont écrit sur leurs fils.»
Giotti, poète des humbles, des vaincus, de l'éthique de la
pauvreté, de la beauté simple du monde, de la solitude essentielle,
des douleurs universelles de l'homme, mais, plus encore,
de la maison, de ceux qui l'habitent, de la pure et sereine joie
d'être avec les siens, fait partie, avec Notes inutiles, de ces rares
et bouleversantes exceptions.
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